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Les répercussions de genre de la Covid-19 sur les Droits Humains : Le Cas de la République Démocratique du Congo

Comme de nombreux pays dans le monde, la République démocratique du Congo (RDC) a connu une forte augmentation des cas de violence domestique contre les femmes et les filles depuis l’introduction de restrictions pour lutter contre la COVID-19 en mars 2020. Pour mieux comprendre les impacts de genre de la pandémie sur les femmes et les filles en RDC, WILPF RDC a lancé un projet de recherche dans quatre quartiers de Kinshasa, la capitale, en mai et juin 2021.

Credit: Patrizia Scannella
Written by Annie Matundu Mbambi
17 February 2022

Le contexte socio-culturel de la République Démocratique du Congo (RDC) ne permet pas aux rapports sociaux, particulièrement entre hommes et femmes, d’être égalitaires. Et la pandémie de COVID-19 accentue davantage les inégalités préexistantes, rendant ainsi évidente la vulnérabilité des systèmes sociaux, politiques et économiques qui, à leur tour, amplifient les effets de la pandémie.

Le mercredi 18 mars 2020,  le Président de la RDC, Monsieur Félix–Antoine Tshilombo Tshisekedi, avait pris et annoncé, de manière temporaire, des mesures dites « barrières », notamment le confinement, la suspension des vols en provenance de pays à risque, la fermeture des écoles, des églises, des stades et des salles de fête, l’interdiction des rassemblements de plus de vingt personnes, y compris les cérémonies de deuil et autres cérémonies funéraires, en vue d’endiguer la pandémie provoquée par le coronavirus. Beaucoup de services ne furent autorisés que sous réserve de diverses restrictions et le télétravail fût aussi imposé.

Comme il fallait s’y attendre et le craindre, ces mesures ont renforcé les violences faites aux femmes et aux filles à l’échelle tant nationale que locale.  La pandémie de COVID-19, qui exige la limitation des contacts et des déplacements, a produit de conséquentes tensions économiques et sociales et a aggravé les problèmes préexistants suivants : forte promiscuité dans des parcelles où vivent de nombreuses personnes ; insuffisance ou carence des moyens de subsistance ; accès difficile et limité aux services sociaux de base ; affaiblissement ou rupture des cercles d’entraide et de solidarité.

Avant la pandémie, il était déjà estimé selon une étude faite en 2013-2014 que 51% des femmes et les filles congolaises âgées de 15 à 49 ans avaient subi des violences physiques et/ou sexuelles entre partenaires intimes au moins une fois dans leur vie.[1] Les mesures de confinement à domicile ont eu pour conséquence une hausse des violences dans les ménages en RDC comme dans de nombreux autres endroits dans le monde[2]. En effet, les restrictions imposées à la liberté de circulation des personnes et la fermeture des écoles ont engendré des faits déplorables dont des cas d’inceste qui ont été signalés par les femmes et les filles sondées par WILPF RDC, comme ayant érodé davantage les droits humains et creusé les inégalités préexistantes.

En réaction aux impacts sociaux ainsi engendrés par la pandémie de COVID-19, il a paru impérieux et utile, pour WILPF/RDC, de documenter l’impact des mesures de protection liées à cette pandémie, spécialement pendant la période de confinement et surtout dans les zones périphériques de la ville-province de Kinshasa. Par conséquent, WILPF/RDC a développé et déployé des recherches, en la matière avec une perspective de genre.

Les recherches ont porté sur l’impact des mesures sanitaires décrétées par le gouvernement de la RDC sur les ménages, et en particulier sur la modification des rôles de genre, notamment sur la répartition des tâches domestiques entre hommes et femmes, ainsi que sur l’impact des mesures sanitaires sur les relations conjugales et familiales.

A travers des focus groups organisés en mai et juin 2021 dans quatre districts périurbains de Kinshasa avec quarante femmes et filles, WILPF/RDC a écouté, enregistré, analysé, et saisi l’expression de la violence domestique, notamment physique et verbale, durant la période de confinement. Les femmes et les filles sont les témoins et malheureusement les premières victimes des violences au sein des familles.

Le questionnaire utilisé pendant les focus groups a aussi exploré et permis de jauger les connaissances des participantes relatives aux organisations et structures gouvernementales d’aide aux victimes de violences domestiques et à leur accessibilité, ainsi que sur les droits spécifiques des femmes qui accordent la prise en charge socio-économique, sanitaire et juridique des victimes de violences domestiques.

Grâce à cette enquête, WILPF/RDC a appris que, à cause du confinement, le nombre de cas de violences domestiques a augmenté dans les ménages et particulièrement les cas de viols conjugaux et d’inceste. Les grossesses précoces ont aussi augmenté notamment du fait que les enfants issus de ménages défavorisés aient dû avoir recours au sexe de survie, de la fermeture des écoles et de la promiscuité dans les familles avec des cas rapportés d’inceste. La violence physique et verbale des époux semble aussi avoir augmenté notamment du fait de l’augmentation de la consommation d’alcool.

Par ailleurs, nombreuses sont les femmes et les filles ayant participé aux focus groups qui n’ont pas connaissance des organisations et des structures gouvernementales qui prennent les femmes et les filles victimes de violences domestiques en charge. Elles ignorent également comment accéder aux instances où elles peuvent aller porter plainte.

Les perspectives sombres d’une récession nationale, à long terme, suscitent de très sérieuses inquiétudes, vu la manière dont sont appliquées les restrictions des droits humains sus évoquées et considérant le manque de protection qui devrait pourtant en découler.

L’ancien Conseil consultatif du G7 pour l’égalité des sexes appelait encore récemment à considérer prioritairement les dimensions genrées de la pandémie et à prévenir une détérioration de l’égalité et des droits des femmes[i].

Pour WILPF/RDC, il est primordial de briser le silence pour laisser s’exprimer la voix des femmes et des filles victimes de violences domestiques.

[1] Ministère du Plan et Suivi de la Mise en œuvre de la Révolution de la Modernité (MPSMRM), Ministère de la Santé Publique (MSP) et ICF International, 2014. Enquête Démographique et de Santé en République Démocratique du Congo 2013-2014. Rockville, Maryland, USA : MPSMRM, MSP et ICF International.

[2] https://www.france24.com/fr/video/20200424-en-rdc-le-confinement-face-au-covid-19-fait-exploser-les-cas-de-violences-domestiques

[i] http ; //womendeliver.org/2020/step-it-up-g7

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Annie Matundu Mbambi

Annie Matundu Mbambi est l’actuelle présidente de WILPF RDC, qui se concentre sur la promotion de la paix et de la participation politique aux niveaux national, régional et mondial par le plaidoyer et le dialogue. Elle a été nommée assistante en charge du genre au sein du panel présidentiel guidant le président de la RDC dans son mandat de président de l’Union africaine pour 2021-2022.

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Melissa Torres

VICE-PRESIDENT

Prior to being elected Vice-President, Melissa Torres was the WILPF US International Board Member from 2015 to 2018. Melissa joined WILPF in 2011 when she was selected as a Delegate to the Commission on the Status of Women as part of the WILPF US’ Practicum in Advocacy Programme at the United Nations, which she later led. She holds a PhD in Social Work and is a professor and Global Health Scholar at Baylor College of Medicine and research lead at BCM Anti-Human Trafficking Program. Of Mexican descent and a native of the US/Mexico border, Melissa is mostly concerned with the protection of displaced Latinxs in the Americas. Her work includes training, research, and service provision with the American Red Cross, the National Human Trafficking Training and Technical Assistance Centre, and refugee resettlement programs in the U.S. Some of her goals as Vice-President are to highlight intersectionality and increase diversity by fostering inclusive spaces for mentorship and leadership. She also contributes to WILPF’s emerging work on the topic of displacement and migration.

Jamila Afghani

VICE-PRESIDENT

Jamila Afghani is the President of WILPF Afghanistan which she started in 2015. She is also an active member and founder of several organisations including the Noor Educational and Capacity Development Organisation (NECDO). Elected in 2018 as South Asia Regional Representative to WILPF’s International Board, WILPF benefits from Jamila’s work experience in education, migration, gender, including gender-based violence and democratic governance in post-conflict and transitional countries.

Sylvie Jacqueline Ndongmo

PRESIDENT

Sylvie Jacqueline NDONGMO is a human rights and peace leader with over 27 years experience including ten within WILPF. She has a multi-disciplinary background with a track record of multiple socio-economic development projects implemented to improve policies, practices and peace-oriented actions. Sylvie is the founder of WILPF Cameroon and was the Section’s president until 2022. She co-coordinated the African Working Group before her election as Africa Representative to WILPF’s International Board in 2018. A teacher by profession and an African Union Trainer in peace support operations, Sylvie has extensive experience advocating for the political and social rights of women in Africa and worldwide.

WILPF Afghanistan

In response to the takeover of Afghanistan by the Taliban and its targeted attacks on civil society members, WILPF Afghanistan issued several statements calling on the international community to stand in solidarity with Afghan people and ensure that their rights be upheld, including access to aid. The Section also published 100 Untold Stories of War and Peace, a compilation of true stories that highlight the effects of war and militarisation on the region. 

IPB Congress Barcelona

WILPF Germany (+Young WILPF network), WILPF Spain and MENA Regional Representative

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Demilitarisation

WILPF uses feminist analysis to argue that militarisation is a counter-productive and ill-conceived response to establishing security in the world. The more society becomes militarised, the more violence and injustice are likely to grow locally and worldwide.

Sixteen states are believed to have supplied weapons to Afghanistan from 2001 to 2020 with the US supplying 74 % of weapons, followed by Russia. Much of this equipment was left behind by the US military and is being used to inflate Taliban’s arsenal. WILPF is calling for better oversight on arms movement, for compensating affected Afghan people and for an end to all militarised systems.

Militarised masculinity

Mobilising men and boys around feminist peace has been one way of deconstructing and redefining masculinities. WILPF shares a feminist analysis on the links between militarism, masculinities, peace and security. We explore opportunities for strengthening activists’ action to build equal partnerships among women and men for gender equality.

WILPF has been working on challenging the prevailing notion of masculinity based on men’s physical and social superiority to, and dominance of, women in Afghanistan. It recognizes that these notions are not representative of all Afghan men, contrary to the publicly prevailing notion.

Feminist peace​

In WILPF’s view, any process towards establishing peace that has not been partly designed by women remains deficient. Beyond bringing perspectives that encapsulate the views of half of the society and unlike the men only designed processes, women’s true and meaningful participation allows the situation to improve.

In Afghanistan, WILPF has been demanding that women occupy the front seats at the negotiating tables. The experience of the past 20 has shown that women’s presence produces more sustainable solutions when they are empowered and enabled to play a role.

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