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Rencontre avec Sylvie Jacqueline Ndongmo, la nouvelle présidente de WILPF

Sylvie Jacqueline Ndongmo, activiste pacifiste et fondatrice de la section camerounaise de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (WILPF), a été élue présidente de WILPF le 24 juillet 2022 à l’occasion du Congrès de l’organisation. Nous l’avons interrogée sur ses ambitions pour les trois années à venir.

Image credit: Sylvie Jacqueline Ndongmo
Sylvie Jacqueline Ndongmo
29 July 2022

Q. : Depuis combien de temps êtes-vous membre de WILPF, et quelles sont les raisons qui vous ont amenées à rejoindre le mouvement ?

R. : J’ai découvert WILPF et son travail il y a dix ans au Forum de l’AWID, qui se tenait à Istanbul, en Turquie. À cette occasion, j’ai visité les stands de l’organisation et j’ai participé à des ateliers qu’elle proposait. J’ai été très impressionnée par le travail que menait WILPF aux quatre coins du monde pour promouvoir la paix.

J’ai été particulièrement intriguée par les recherches de pointe réalisées par l’organisation et les données fournies dans de nombreux domaines : les actions et les besoins en matière de prévention de conflit et de consolidation de la paix, le militarisme, les opérations de maintien de la paix et les dépenses militaires des différents pays. Ces dernières étaient le plus souvent disproportionnées par rapport aux efforts fournis pour promouvoir les droits humains, et notamment les droits des femmes.

J’ai alors pu établir un lien évident entre les droits des femmes et la prolifération des armes, et j’ai été choquée de constater que des pays étaient capables de voter des budgets colossaux pour l’achat d’armes au détriment d’autres secteurs sociaux fondamentaux tels que l’éducation, la santé et l’égalité des genres, qui sont essentiels pour promouvoir la cause des femmes.

Connaissant la situation de mon pays, le Cameroun, qui était déjà touché par des conflits avec les pays voisins, j’ai ressenti l’obligation morale de veiller à ce que les femmes camerounaises s’investissent davantage dans cette quête mondiale pour la justice sociale. C’est ainsi que WILPF Cameroun a vu le jour en janvier 2014.

Q. : Quelles sont vos principales attentes en tant que nouvelle présidente de l’organisation ?

R. : Mon expérience de fondatrice et de présidente de section, de représentante régionale et de membre du Conseil international de WILPF m’a permis d’acquérir une très bonne connaissance de l’organisation et de la façon dont elle fonctionne. À présent que ses membres m’ont accordé leur confiance et m’ont permis de diriger l’organisation pendant les trois années à venir en me nommant présidente, je souhaite apporter ma modeste contribution au développement de WILPF.

J’ai le vif désir de voir les membres de l’organisation renouer avec les ambitions de nos mères fondatrices telles qu’elles sont inscrites dans le Manifeste. Nous apprenons toutes les unes des autres au sein d’un espace ouvert et inclusif qui nous permet d’expérimenter, d’échanger et d’apprendre ensemble. Je souhaite que nous nous engagions toutes à défendre nos valeurs féministes et à agir pour remettre en cause les systèmes et les structures d’oppression, promouvoir des solutions inclusives et pacifiques aux conflits et renforcer plus que jamais l’activisme féministe pour la paix. En outre, j’espère sincèrement qu’une confiance nouvelle s’établira entre nos membres, que nous vaincrons les obstacles qui freinent notre action et renforcerons les instruments qui la font avancer, et que nous chercherons les moyens les plus sûrs et efficaces de travailler ensemble à l’avenir.

Je consacrerai également mon énergie à renforcer la participation et la visibilité des jeunes. Je tiens vraiment à promouvoir les liens intergénérationnels entre nos jeunes membres et celles d’entre nous qui sont plus âgées afin de garantir la continuité de notre action et de défendre nos valeurs culturelles.

Q. : Que signifie pour vous le terme de paix féministe ?

R. : La paix féministe consiste à respecter ce principe des Nations unies : « Personne ne doit être laissé pour compte ». Cela nécessite d’examiner les facteurs et les causes profondes des conflits et d’identifier les lignes de fracture des processus de paix, notamment en ayant recours à l’analyse de conflit sensible au genre.

Pour cela, nous devons agir à tous les niveaux, du local à l’international, en tirant parti des atouts de chaque personne. Il faut créer les conditions de la paix en coopérant avec les féministes qui travaillent sur le terrain ainsi qu’avec les groupes les plus marginalisés et les élites. Dans les communautés, au cœur des actions de consolidation de la paix, je vois des activistes de la base, des féministes, des femmes de la société civile et bien d’autres qui se mobilisent pour promouvoir l’inclusion et la participation réelle des femmes dans les processus de prévention de conflit et de consolidation de la paix. Voilà ce qu’est, pour moi, la paix féministe.

À mes yeux, l’approche féministe de la paix consiste à agir en s’appuyant sur les connaissances et les expériences des femmes, des hommes, des filles et des garçons qui révèlent de façon explicite les structures et les relations de pouvoir discriminatoires et genrées dont l’effet dévastateur est souvent poussé à l’extrême lorsque la paix est menacée. Par exemple, bâtir la paix exige d’adopter une perspective de genre afin de tirer parti des expériences vécues et des contributions de toutes les personnes vivant dans des situations de conflit.

Les principes fondamentaux du féminisme sont notamment l’inclusion, la responsabilité, la collaboration, la nécessité de prendre soin de soi et des autres, la remise en cause des systèmes et des structures d’oppression, la remise en cause du système patriarcal d’oppression et la volonté de rechercher une réponse globale aux conflits.

Q. : Selon vous, à quelle difficulté majeure le mouvement féministe pour la paix est-il confronté aujourd’hui ?

R. : À mes yeux, la plus grande difficulté réside dans le fait que cette approche inclusive et globale, pourtant essentielle, n’est pas suffisamment, voire pas du tout, mise en œuvre dans les processus de consolidation de la paix. L’environnement dans lequel nous travaillons est encore très patriarcal, et un long chemin reste à parcourir en matière d’inclusion. En outre, de nombreuses femmes ou groupes sont laissés pour compte et ignorent le rôle qu’ils peuvent jouer dans ces processus, ne savent pas comment y prendre part et ont des besoins vitaux qui ne sont pas couverts, tels que l’accès à des services de base.

Q. : Que diriez-vous aux activistes féministes pour la paix et à leurs allié-e-s pour les convaincre de rejoindre WILPF ?

R. : WILPF est une organisation féministe qui regroupe des activistes de base. Elle est connue pour son caractère inclusif et sa capacité à résoudre les conflits en s’attaquant à leurs causes profondes. C’est un mouvement bien structuré, qui a un siècle d’existence. Il est composé de sections et groupes nationaux, qui associent les communautés locales et les protagonistes clés à leur lutte pour la paix et la justice sociale.

Cette approche ascendante nous permet de faire entendre les voix des plus vulnérables afin qu’elles soient prises en compte au niveau décisionnel, grâce à des campagnes de plaidoyer et à un réseau de partenaires issus de différents horizons.

WILPF est une organisation de premier plan, dotée d’une stratégie qui a fait ses preuves, et elle doit être soutenue dans ses efforts. Nous encourageons donc vivement toutes les activistes pacifistes féministes et leurs allié-e-s à rejoindre notre mouvement afin que nous puissions contribuer, ensemble, à bâtir un monde plus juste.

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Sylvie Jacqueline Ndongmo

Sylvie Ndongmo a pris ses fonctions de présidente de WILPF le 24 juillet 2022. Membre de WILPF depuis 2012, elle a créé la section camerounaise de l’organisation en 2014. De 2018 à 2022, elle a siégé au Conseil international de WILPF en tant que représentante régionale pour l’Afrique. Elle succède à Joy Onyesoh, qui a exercé les fonctions de présidente pendant les quatre dernières années.

Rendez-vous ici pour en savoir plus sur la nouvelle composition du Conseil international.

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Melissa Torres

VICE-PRESIDENT

Prior to being elected Vice-President, Melissa Torres was the WILPF US International Board Member from 2015 to 2018. Melissa joined WILPF in 2011 when she was selected as a Delegate to the Commission on the Status of Women as part of the WILPF US’ Practicum in Advocacy Programme at the United Nations, which she later led. She holds a PhD in Social Work and is a professor and Global Health Scholar at Baylor College of Medicine and research lead at BCM Anti-Human Trafficking Program. Of Mexican descent and a native of the US/Mexico border, Melissa is mostly concerned with the protection of displaced Latinxs in the Americas. Her work includes training, research, and service provision with the American Red Cross, the National Human Trafficking Training and Technical Assistance Centre, and refugee resettlement programs in the U.S. Some of her goals as Vice-President are to highlight intersectionality and increase diversity by fostering inclusive spaces for mentorship and leadership. She also contributes to WILPF’s emerging work on the topic of displacement and migration.

Jamila Afghani

VICE-PRESIDENT

Jamila Afghani is the President of WILPF Afghanistan which she started in 2015. She is also an active member and founder of several organisations including the Noor Educational and Capacity Development Organisation (NECDO). Elected in 2018 as South Asia Regional Representative to WILPF’s International Board, WILPF benefits from Jamila’s work experience in education, migration, gender, including gender-based violence and democratic governance in post-conflict and transitional countries.

Sylvie Jacqueline Ndongmo

PRESIDENT

Sylvie Jacqueline NDONGMO is a human rights and peace leader with over 27 years experience including ten within WILPF. She has a multi-disciplinary background with a track record of multiple socio-economic development projects implemented to improve policies, practices and peace-oriented actions. Sylvie is the founder of WILPF Cameroon and was the Section’s president until 2022. She co-coordinated the African Working Group before her election as Africa Representative to WILPF’s International Board in 2018. A teacher by profession and an African Union Trainer in peace support operations, Sylvie has extensive experience advocating for the political and social rights of women in Africa and worldwide.

WILPF Afghanistan

In response to the takeover of Afghanistan by the Taliban and its targeted attacks on civil society members, WILPF Afghanistan issued several statements calling on the international community to stand in solidarity with Afghan people and ensure that their rights be upheld, including access to aid. The Section also published 100 Untold Stories of War and Peace, a compilation of true stories that highlight the effects of war and militarisation on the region. 

IPB Congress Barcelona

WILPF Germany (+Young WILPF network), WILPF Spain and MENA Regional Representative

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Demilitarisation

WILPF uses feminist analysis to argue that militarisation is a counter-productive and ill-conceived response to establishing security in the world. The more society becomes militarised, the more violence and injustice are likely to grow locally and worldwide.

Sixteen states are believed to have supplied weapons to Afghanistan from 2001 to 2020 with the US supplying 74 % of weapons, followed by Russia. Much of this equipment was left behind by the US military and is being used to inflate Taliban’s arsenal. WILPF is calling for better oversight on arms movement, for compensating affected Afghan people and for an end to all militarised systems.

Militarised masculinity

Mobilising men and boys around feminist peace has been one way of deconstructing and redefining masculinities. WILPF shares a feminist analysis on the links between militarism, masculinities, peace and security. We explore opportunities for strengthening activists’ action to build equal partnerships among women and men for gender equality.

WILPF has been working on challenging the prevailing notion of masculinity based on men’s physical and social superiority to, and dominance of, women in Afghanistan. It recognizes that these notions are not representative of all Afghan men, contrary to the publicly prevailing notion.

Feminist peace​

In WILPF’s view, any process towards establishing peace that has not been partly designed by women remains deficient. Beyond bringing perspectives that encapsulate the views of half of the society and unlike the men only designed processes, women’s true and meaningful participation allows the situation to improve.

In Afghanistan, WILPF has been demanding that women occupy the front seats at the negotiating tables. The experience of the past 20 has shown that women’s presence produces more sustainable solutions when they are empowered and enabled to play a role.

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